J’ai testé : une semaine sans distraction

Que se passe-t-il quand on se prive de lecture ou de visionnage ? J’ai passé une semaine sans distraction. Je vous livre ici ce que ça m’a apporté.

Que se passe-t-il quand on se prive de lecture ou de visionnage ? J’ai passé une semaine sans distraction. Je vous livre ici ce que ça m’a apporté.

Dans cette nouvelle catégorie d’articles, je me propose de tester des méthodes ou des manières de vivre qui m’interpellent, pour ensuite vous partager les résultats de mon expérience. Pour cette première tentative, j’ai testé une semaine sans distraction. Je me suis lancée dans les pages de Libérez votre créativité de Julia Cameron, et l’une des tâches de la semaine était de se priver de lecture, pour s’ouvrir à une nouvelle manière de voir les choses, et ainsi dépasser des blocages créatifs. Se passer de tout ce qui nous distrait, pour nous remplir de choses plus essentielles.

On y va ?

Distraction VS essentiel

Pour bien jouer le jeu, j’ai décidé de me passer de mes distractions favorites : la lecture (de livres, de magazines quels qu’ils soient) et les films et séries tv. 

L’idée de me passer de lecture pour mieux me sentir m’a d’abord paru absurde : mes lectures me nourrissent, me font voyager, m’instruisent ou m’encouragent. À quoi bon m’enlever ces moments de bien-être ? 

Pour Julia Cameron, plus nous sommes bloqués créativement, plus nous sommes accros à la lecture et autres distractions. Être créatif, c’est savoir entrer en soi et exprimer ce qu’il y a à l’intérieur. Si nous aimons nous distraire, c’est que ces distractions nous tiennent hors de nous-même. Ça peut être effrayant, de se poser dans une chambre et de voir comment on va. De s’entourer de silence et de sensations. 

Prend-t-on encore le temps de s’écouter ? Se fait-on vraiment du bien, en enchaînant les distractions qui nous plaisent ? 

Je vous détaille ci-dessous le déroulement de ma semaine, ainsi que les différents constats que j’ai tiré de ces journées expérimentales.

Une semaine sans distraction : que faire d’autre ?

En général, la lecture ou le visionnage me servent de pauses dans mon travail. Ce sont des instants de plaisir, où je me détends et m’oublie dans un univers. Je peux regarder une série les midis où je mange seule, lire une quinzaine de minutes au soleil pour interrompre une activité, et y occuper mes soirées, surtout si je suis fatiguée ou que la journée a été un peu difficile.

Que se passe-t-il quand on se prive de lecture ou de visionnage ? J’ai passé une semaine sans distraction. Je vous livre ici ce que ça m’a apporté.

Qu’on se le dise, j’adore ça. Lire, visionner, me plonger dans des atmosphères spécifiques. Même si ce sont des lectures plus « sérieuses » sur mes sujets d’intérêt, j’ai cette sensation de me nourrir d’une matière à la fois plaisante et utile. 

Je ne passe pas la totalité de mes heures de libre à ça, mais ce sont devenus des habitudes qui, je vais vite le voir, me rassurent et me maintiennent dans un certain schéma.

> Lundi : un besoin de se distraire

Le premier jour est le plus agaçant. J’ai exprès choisi une semaine sans événement extérieur de prévu, pour m’obliger à être seule et à devoir me débrouiller autrement (lafillebiensadique). Je n’ai pas mangé seule à midi et j’ai fais du sport pour remplir mes pauses de la journée. Le soir venu, par contre, je ressens l’envie habituelle de me poser et de lire. Je suis à deux doigts de rire du projet et de craquer.

Je suis surprise de mon besoin de distraction ; d’être aussi mal à l’idée de faire les choses différemment. Alors, je cherche à définir une nouvelle activité pour remplir mes heures : je me souviens que Julia Cameron encourageait à trouver autre chose à faire. OK. Je vais ranger ma chambre. Trier mon armoire. Et puis mettre de la musique en fond. 

Assez rapidement, dans cette ambiance bon enfant, je me sens libre. Bizarre hein ? Je me sens libre, car je n’ai pas de choses à faire. La lecture et le visionnage sont devenus une telle routine que je me sentais obligée de me mettre dedans, d’une certaine manière. Je ne me donnais pas le droit d’essayer autre chose.

> Mardi : prendre le temps de faire ce qu’on aime

Cette prise de conscience m’amène, le lendemain, à observer de plus près ce que j’aime faire, mais que je fais peu, par « manque de temps ». J’adore dessiner. Que ce soit des dessins d’après modèle ou de petites histoires, en mode bande dessinée. Quand je m’installe avec tout mon matériel, je suis lancée. Sauf que, souvent, je ne trouve pas l’énergie de m’asseoir, de prendre du papier, un crayon et d’y aller.

Ça me surprend, parce que la journée, une petite voix me rappelle souvent que j’aimerai dessiner dès que je prends une pause. Quand cette pause arrive, je finis… par lire ou regarder une série. Intéressant. 

Je prends plaisir à griffonner, alors pourquoi avoir besoin de tant d’efforts pour m’y mettre à chaque fois ? Dessiner m’oblige à me confronter à ma situation. Je ne suis pas un as du dessin, ça se ressent sur le papier. Je vois mes maladresses, je constate ce que je peux améliorer, je dois accepter d’en être là aujourd’hui. 

En revanche, lire ou visionner ne me demande pas d’effort particulier. Je ne suis pas face à des compétences à développer, à des imperfections à apprécier. 

> Mercredi : communiquer 

Ce soir-là, je m’agace de nouveau de ne pas pouvoir lire. Je vois le bouquin en cours, sur mon chevet. C’est tellement bête, j’ai du temps et ça me donne envie. Mon irritation m’enlève l’envie de jouer le jeu et de trouver une activité inédite. Par contre, mon désoeuvrement me rappelle cette amie que je veux appeler depuis un moment, sans trouver le temps. Comme j’ai tendance à enchaîner les activités, j’ai souvent l’impression de ne jamais avoir de « temps pour moi ». Très paradoxal, n’est-ce pas ?

Je l’appelle. Ravie d’avoir une plage horaire qui me le permet. Heureuse aussi d’échanger et de rattraper le temps.

> Jeudi : jouer à l’enfant

À présent, je sens que j’ai intégré l’idée d’avoir des soirées « libres », où je peux faire ce que je veux, sans obligation. Le temps me paraît long, riche, alors que mes soirées habituelles filaient si vite. Tout m’est permis, et je m’amuse à jouer à l’enfant qui suit ses lubies de l’instant. Ouvrir de vieilles boîtes pour redécouvrir des objets chargés de souvenirs, dessiner encore, prendre son temps en cuisinant, méditer sur son lit. Ça me fait bizarre, et en même temps ça me fait du bien. 

> Vendredi : de nouveaux réflexes

Je me surprends à attendre avec impatience mes moments « à moi », où j’écoute mon envie du moment. En fait, je me sens écoutée. Un peu comme si j’étais là pour moi. C’est drôle à ressentir. Je ne fais rien de particulier pour cela, si ce n’est m’offrir des instants qui me parlent, sans contrainte ni étiquette. Il n’y a pas de place pour les « trop bête », « trop long », « inutile », ou les « pas le temps pour ça ». [À lire aussi : J’ai testé – un mois à dire oui à mes envies].

> Le week-end : une place à prendre

Dessin d'un dimanche pluvieux

Presque naturellement, je m’accorde le droit, le dimanche, de dessiner sans m’arrêter. J’ai l’habitude de lire sur le canapé, quand je n’ai rien d’autre de prévu. Ce jour-ci, je n’en éprouve pas le besoin. Sans doute parce que je sais qu’il y a aussi autre chose à faire. Mon cerveau n’associe plus mon temps libre uniquement aux cases « lecture » et « visionnage ». J’ai ouvert mon champ. 

Une semaine sans distraction : le bilan

Après la semaine écoulée, je me suis vite rapprochée de mes livres et de mes films et séries. Pour autant, l’exercice a été un vrai révélateur. En voici quelques-points :

✵ Quand on fait les choses sous l’angle du jeu, une pression s’enlève. On ne se soucie pas de « faire bien », de « faire assez » ou du résultat. On est juste dans l’expérience, et le plaisir de pouvoir se laisser aller.

✵ Se détacher de ses habitudes, c’est se détacher de ses propres règles et de ses propres limites. On s’ouvre un champ plus grand, plus libre. On se crée un espace où être plus soi-même.

Une habitude est un repère, que je trouve toujours utile et agréable. La lecture et les films m’inspirent pour mes propres créations. 

J’ai par contre gardé à l’esprit qu’une habitude peut aussi nous éloigner de nos besoins. Alors, j’essaie de rester à l’écoute, et de changer mes habitudes quand je sens que j’entre dans une sorte d’engrenage.

> Oser se rapprocher de soi

J’ai eu peur qu’on m’enlève mes lectures, car elles me rassuraient, et m’occupaient l’esprit. Mon réflexe de lire après le travail, s’il peut juste venir d’une envie de bien-être, cachait aussi un désir de fuite. Je m’évitais de trop me questionner sur mes émotions, et sur pourquoi je me sentais mal ou insatisfaite. 

Être face à soi-même, c’est prendre conscience de sa température : est-on heureux, valide-t-on ses choix, apprécie-t-on ses journées etc. Parfois, les réponses font peur. Parce qu’elles nous obligent à voir ce qui va, et ce qui va moins. La distraction est le « ça va » qu’on lance aux autres pour passer à autre chose : on ne veut pas vraiment savoir comment s’est passée notre journée, on préfère se faire du bien à travers une lecture. Alors que, parfois, ce dont on aurait vraiment besoin, c’est de pleurer. De communiquer. De s’interroger. Ou de changer.

L’idée de changer fait peur. Il y a quelque chose, tout au fond de nous, qui sait que tant qu’on ignore notre réel besoin de changer, on pourra l’éviter. Et vice-versa. C’est l’image de la porte qui, une fois ouverte, ne peut plus vraiment se refermer. On peut prendre conscience de blessures, petites ou grandes, même de succès sur lesquels on ne veut pas s’arrêter (la peur de la réussite, vous connaissez ?). [À lire aussi : Changer de vie – 7 conseils pour aller au bout de sa décision].

Le plus efficace, pour moi, a été de réussir à dépasser ce fameux « ça va ». Qu’y a-t-il derrière ? Est-on prêt à l’entendre ? 

En dépassant les distractions, on revient à sa propre expression (et donc à sa créativité). Quand on se plonge dans le travail des autres (écrivains, réalisateurs…), on profite de ce qu’ils ont construit, mais on se tient à l’écart de ce qui bouillonne en soi. De ce qu’on a à dire, à accepter, à agencer, à exprimer.

Atteindre une meilleure perception de soi-même, c’est se reconnecter à l’instant présent. On ressent, et on exprime. C’est déboussolant au début, mais c’est si puissant. 

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Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous tenté par l’expérience ? Êtes-vous déjà à votre écoute ?

Que se passe-t-il quand on se prive de lecture ou de visionnage ? J’ai passé une semaine sans distraction. Je vous livre ici ce que ça m’a apporté.
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2 réponses à “J’ai testé : une semaine sans distraction”

  1. Genial. Tu complètes tellement ma réflexion de cette semaine, c’est fou ! Je remarquais comme ma créativité était engloutie par les réseaux sociaux qu’on ouvre dès qu’on a un moment de vide, d’attente…
    Alors que ce sont le moments où les idées, le pensées émergent. Mais s’y confronter fait peur, et on préfère se divertir, combler le vide.

    Et je suis comme toi, j’ai souvent envie de dessiner ou peindre mais je vais à la facilité : lire ou écouter un podcast. Et je pense ensuite ne pas avoir le temps.

    • C’est vrai que les réseaux sociaux font aussi partie de l’équation, le temps peut passer si vite quand on est dessus, alors qu’on aurait envie d’autre chose au final. En prendre conscience c’est déjà le premier pas 🙂
      Merci pour retour!

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