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Lire en musique (Ivan Luzan, Halloween) :
L’autre jour, je me suis demandée en quoi cette vibe automnale aux accents d’Halloween m’inspire en tant qu’auteure. Il faut savoir que cet univers, qui peut être aussi bien poétique avec les feuilles qui tombent qu’étrange avec ses citrouilles et ses corbeaux, que macabre et terrifiant avec ses revenants et ses sorcières, m’intrigue et m’attire depuis toujours.
J’ai adoré Dracula de Bram Stoker, Frankenstein de Mary Shelley, l’univers de Tim Burton ou encore l’ambiance sanglante de Macbeth de Shakespeare.
Bien naturellement donc, j’ai déjà écrit trois nouvelles autour de thèmes intimement liés à l’automne : la mort, l’étrange et la poésie du changement avec Franky, le macabre, le sanglant et l’humour noir qui électrise avec Disparition et Le Chapeau d’Irma.
Tu le sais peut-être, je n’écris jamais une histoire de manière anodine. Elles ont toutes la capacité d’opérer des changements puissants à l’intérieur de celui/celle qui les lit, d’initier des prises de conscience sur sa propre place dans ce monde.
Alors, qu’est-ce que cette vibe automnale et gothique a de si spécial à mes yeux, sur ce chemin de transformation personnelle ?
UNE LEÇON DE VIE
Commençons par le plus évident : la nature est un miroir de ce qui se passe en nous-même. Elle nous montre comment la vie circule, quand rien ne vient l’entraver. Comment les choses peuvent se dérouler avec aisance et fluidité.
En automne, les arbres se parent de mille et unes couleurs et, fatalement, finissent par se décolorer en perdant leurs feuilles une par une. Le brouillard s’immisce entre les troncs et les feuillages, rendant le tout parfois confus. Le ciel se part souvent de gris, la pluie tombent régulièrement et les pavés s’humidifient, tapissés de feuilles mortes.
L’automne est ce mélange frappant de beauté et de déclin. De gris et de couleurs chaudes. De tristesse et de poésie.
Personnellement, ces images m’évoquent le paradoxe de toute épreuve terrestre : ce mélange de chagrin pour ce qui change et disparaît & d’inspiration pour les nouvelles possibilités qui se créent en chemin.
La douleur, la tristesse, les angoisses sont des phases nécessaires parfois à traverser, à vivre, à ressentir et elles demandent à ce qu’on s’y ouvre pour pouvoir passer à l’étape suivante. C’est en s’ouvrant à la vibration de nos émotions qu’on laisse aussi passer la lumière. C’est dans ces moments même que la douleur d’une perte amène aussi la douceur du réconfort ou la beauté d’une force insoupçonnée à se relever.
J’ai écrit Franky justement pour t’aider à traverser les phases de ta vie plus chargées émotionnellement, notamment quand tu fais face à la douleur d’une perte. Le récit de Victor et de son chien disparu t’accompagne avec douceur et poésie pour te reconnecter à tes propres émotions et les laisser se dire puis se transformer en quelque chose de plus apaisé.
L’ELECTROCHOC
Le côté plus halloweenesque de l’automne me parle beaucoup, parce qu’il nous emmène du côté de nos ombres, c’est-à-dire de ces parts en nous qu’on n’aime pas trop voir, parce qu’elles sont peu glorieuses, nous font honte ou nous gênent. En général, on préfère mettre sous le tapis ce qui nous encombre, plutôt que de le voir de face avec courage. Du coup, quand ces parts se réveillent un peu (ou parfois très violemment), ça fait peur. Très peur même.
On se trouve moche, incapable, nul.le, sans valeur, etc etc.
Alors, on fait tout pour réparer la balance : on s’achète de nouveaux vêtements pour cacher des défauts, on cumule les diplômes pour prouver sa valeur, on se force à imiter le voisin pour être apprécié.e et validé.e…
Le résultat, c’est qu’on s’est encore plus détourné.e de soi-même. Non seulement on fuit ses ombres, mais en plus on se comporte bêtement pour se rassurer et on finit souvent encore plus confus et angoissé.e.
Je m’inclus dedans, c’est un mécanisme humain bien naturel. Mais pas fatal. Tu peux choisir à tout instant d’arrêter ce jeu de l’autruche et de commencer à voir tes parts d’ombre pour ce qu’elles sont vraiment : des blessures qui demandent à être vues, apaisées et transformées. [Article lié : Quelques clefs pour gérer ses émotions].
Et souvent, la première étape est de prendre conscience de la situation dans laquelle tu te trouves. De réaliser à quel point tu es en train de te faire du mal en agissant de la sorte ; d’à quel point c’est aberrant de continuer à critiquer et à fuir tes émotions et tes douleurs.
C’est là que la magie d’Halloween entre en jeu : avec son répertoire macabre et surprenant, du corbeau croassant à la sorcière édentée en passant par les revenants assoiffés de vengeance et les sortilèges sanglants, les ambiances et les symboles sont nombreux pour exprimer, par l’effet du contraste, l’aberration de ton comportement et l’invitation à en changer.
Avec Disparition et Le Chapeau d’Irma, j’utilise le genre de la dystopie, de l’humour noir et du macabre pour faire comprendre à ton cerveau et à ton inconscient que cette course sans fin contre les apparences ou contre la mort est vaine.
En te plongeant dans le récit, tu opères un changement de regard sur ta situation. La fin te surprend et quelque chose en toi commence à réagir. C’est le début de la suite de ton chemin sur un nouveau regard sur ta richesse et ta magie.
LA MARGINALITE
Et on vient finalement à un sujet qui me touche particulièrement : le sort des marginaux. J’entends par là la douleur de toute personne qui se sent en décalage avec le reste du monde, différent.e et rejeté.e dû à cette différence, à cette incapacité à entrer dans le moule et à faire comme tout le monde.
C’est un peu mon histoire, en fait : je me suis sentie à part depuis toute petite, incomprise et terriblement bête de ne pas réussir à être comme tout le monde. Très angoissée aussi de ne pas trouver ma place dans un monde qui perdait de son sens et qui allait bien trop vite pour moi.
Et Halloween, c’est aussi cela : des êtres biscornus, étranges, effrayants malgré eux, que la société met de côté parce que la différence dérange. C’est Mercredi Addams et ses goûts macabres qui perturbent la norme, la créature de Frankenstein dont l’aspect monstrueux rebute et terrifie, Edward aux mains d’argent jugé inadapté avec ses mains en forme de ciseaux, Hester Prynne de La Lettre écarlate dont l’adultère la relègue au rang des infâmes…
Des êtres qui ont des particularités et qui ne savent souvent pas quoi en faire, parce qu’on ne leur a pas appris à les mettre en valeur. On ne leur a pas appris à voir leur propre beauté et leur propre magie, ni à prendre leur place dans le monde.
Mes histoires abordent toutes, d’une manière ou d’une autre, des personnages qui peinent à trouver leur place dans ce monde et qui se sentent maladroits, rejetés, incompris, incompétents tout en se sentant impuissants à changer les choses.
La suite de leur aventure va leur montrer, parfois par la force des choses, qu’ils possèdent chacun.e une force et une beauté magnifiques, qui ne se trouvent pas à l’extérieur en imitant les autres mais bien en eux/elles, dans ces particularités mêmes qui les gênaient au départ.
HALLOWEEN ET L’AUTOMNE, DES AMBIANCES TRANSFORMATRICES
J’espère avoir pu te partager un peu de mon amour et de ma fascination pour cette ambiance gothico-automnale à la fois riche et transformatrice.
Qu’elle se trouve dans le cycle de la nature ou dans l’imaginaire des artistes, la magie de l’automne a beaucoup à nous apprendre tout en nous faisant voyager dans des contrées envoûtantes.
Pourquoi s’en priver ?